Vient de paraitre le n° 22 de LUMIERES , revue universitaire publiée aux Presses Universitaires de Bordeaux.
Radicalisme des Lumières et Franc-Maçonnerie
Sommaire :
The Enlightenment and Freemasonry: A Critical Enquiry
Prof. Dr. Margaret Jacob
University of California, United States
The Radical Enlightenment's Critique of Freemasonry:
from Lessing to Mirabeau
Prof. Dr. Jonathan Israel
Institute for Advanced Study, Princeton, United States
English freemasonry during the Enlightenment: how radical, how conservative?
Prof. Cécile Révauger
Université Bordeaux Montaigne
Radicalité des illumines de Bavière ?
Prof.Jean Mondot
Université Bordeaux Montaigne
Franc-maçonnerie et cosmopolitisme dans les territoires des Habsbourg à la fin du XVIIIe siècle
Dr. Tristan Coignard
Université Bordeaux Montaigne
Enlightenment, either way!
. Gerard J.M. Bonneke
Nijmegen
La franc-maçonnerie à l’épreuve de la Révolution française. Une expérience aux origines de la franc-maçonnerie libérale.
Eric Saunier
Université Le Havre
Résumés :
Margaret Jacob
Les Lumières et la franc-maçonnerie: enquête critique.
Plutôt que de débattre pour savoir si les idées des Lumières ont pénétré les loges, ce qui du reste est indiscutable, nous examinerons dans cet article plusieurs archives maçonniques à la recherche de pratiques sociales en accord ou en désaccord avec les idées des Lumières.
Jonathan Israel
La critique de la franc-maçonnerie par les Lumières radicales, de Lessing à Mirabeau
La franc-maçonnerie en tant que vaste mouvement social a acquis une réputation de plus en plus mauvaise parmi les penseurs européens des Lumières radicales de la fin du dix-huitième siècle. Lessing, Adam Weishaupt, Von Knigge et Mirabeau incarnent tous cette tendance à considérer la plus grande partie de la franc-maçonnerie comme insignifiante et peu éclairée. Nous examinerons ici les diverses facettes de ces critiques majeures.
Cécile Révauger
La franc-maçonnerie anglaise des Lumières, entre radicalité et conservatisme.
Plusieurs théories s’affrontent concernant les origines de la franc-maçonnerie anglaise. Cependant ceux qui veulent établir une continuité entre la franc-maçonnerie dite « opérative » des siècles précédents et la Grande Loge de 1717 nient par là-même à la fois l’apport essentiel des Lumières et la radicalité de la franc-maçonnerie d’Anderson. Comme Margaret Jacob, je soutiens que la franc-maçonnerie anglaise de 1717 est bien fille des Lumières. Reste à déterminer sa radicalité. La même question se pose tout au long du siècle. J’examinerai l’attitude des francs-maçons britanniques face à la religion, les libertés politiques et individuelles, en termes de diversité ethnique, de genre, et d’esclavage. S’il est indéniable que la franc-maçonnerie anglaise est fille des Lumières, sa parenté avec les Lumières dites radicales est plus discutable. Une réponse nuancée s’impose.
Jean Mondot
Les Illuminés de Bavière, une franc-maçonnerie "radicale"?
Il s'agira de montrer comment les illuminés ont commencé par l'élaboration
d'un programme moral rigoureux et comment la volonté de le mettre en œuvre
les a conduits à s'associer à la franc-maçonnerie et les a entraînés ensuite
dans une confrontation au départ non-intentionnelle avec le politique. On
s'interrogera alors sur la nature de leur radicalisme et sur la pertinence
de cette notion. Il faudra revenir aux textes inauguraux de Weishaupt et de
Knigge et suivre leurs évolutions respectives.
Tristan Coignard
Franc-maçonnerie et cosmopolitisme dans les territoires des Habsbourg à la fin du XVIIIe siècle
L'examen des rapports que Joseph II entretient avec la franc-maçonnerie est l'occasion d'apporter un éclairage révélateur sur sa méthode de gouvernement et de conduite des réformes. Joseph II cherche, par la patente de 1785, à maintenir le contrôle de l'Etat sur les sociétés secrètes. Cette initiative est motivée par la crainte de voir le débat public prendre une tournure contestataire et par la posture cosmopolitique de la loge Zur wahren Eintracht. Cette posture apparaît en effet, aux yeux de Joseph II, comme un obstacle au projet qui vise à imposer un pouvoir central aux territoires des Habsbourg.
Gerard J.M. Bonneke
Tous les chemins mènent aux Lumières
La question la plus fréquemment posée au sujet de la franc-maçonnerie hollandaise est sans nul doute celle de l’implication des patriotes dans les aspects politiques et culturels de la révolution dans le dernier quart du dix-huitième siècle. La franc-maçonnerie a-t-elle joué un rôle majeur ou mineur au cours de cette période? Si la franc-maçonnerie et les francs-maçons ne sont étudiés que dans cette seule perspective, la conclusion sera sans doute que leur influence fut négligeable. Si cependant nous considérons que la franc-maçonnerie et les francs-maçons ont participé activement au développement de la sociabilité culturelle et politique de la seconde moitié du siècle, c’est un tableau bien différent qui s’offre à nous. On voit alors que les francs-maçons ont trouvé une façon de partager leurs conceptions des Lumières et de la création d’un monde meilleur. Pour citer Pieter Vreede, patriote et franc-maçon hollandais célèbre, ils ont contribué à “enrichir considérablement les Lumières, à anoblir la société et à accroître le bonheur”.
Eric Saunier
La franc-maçonnerie à l’épreuve de la Révolution française. Une expérience aux origines de la franc-maçonnerie libérale.
Au moment du Bicentenaire de 1789, la Franc-maçonnerie était encore un objet particulièrement abrasif dans l’historiographie révolutionnaire. De la thèse des influences exercées directement par les Francs-maçons dans le déclenchement de la crise politique, une thèse dont le succès n’avait jamais été démenti depuis la publication des Mémoires pour servir à l’histoire du jacobinisme de l’abbé Augustin de Barruel, jusqu’à celle de l’importance de la sociabilité des loges dans les origines des pratiques révolutionnaires, l’influence de la Franc-maçonnerie sur le cours des événements ou sur la culture révolutionnaire était un véritable postulat. Il est sorti très affaibli par les acquis de vingt ans d’une recherche maçonnique qui s’est montrée de plus en plus attentive à appliquer les méthodes de l’histoire sociale. Ces acquis invitent même au contraire aujourd’hui à souligner non seulement l’importance de la Révolution française, notamment en raison de l’influence des formes de philanthropie novatrices auxquelles elle a donné naissance, mais aussi le rôle (souvent négligé) qu’elle a su jouer dans la construction puis dans la diffusion d’une Franc-maçonnerie d’essence libérale. Cet aspect a été occulté du fait de l’instrumentalisation dont elle a été l’objet par le régime napoléonien pour tenter de reconstruire l’Europe sur des principes révolutionnaires
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