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Texte libre

 

Cécile Révauger,
Professeur des Universités,
UFR d’anglais,
Université Michel de Montaigne

 

Je suis née à Bordeaux en 1955, j’ai fait mes études secondaires au lycée François Magendie de Bordeaux et supérieures à l’Université de Bordeaux III.  Le concours des IPES qui existait alors (pré-recrutement au métier de professeur dans l’enseignement secondaire) m’a permis de vivre dans un relatif confort mes années d’étudiante. J’ai  été reçue aux concours du CAPES et de l’agrégation  en 1977. Enseignante dans un collège d’Argenteuil, puis dans divers collèges et lycées des régions lyonnaise et grenobloise, j’ai  soutenu une thèse de troisième cycle en 1983  sur le conte oriental en Angleterre, ce qui m’a permis d’être recrutée comme professeur agrégé à l’Université Stendhal-Grenoble III en 1985, puis comme maître de conférences dans cette même université en 1987. Mes recherches sur le XVIIIe siècle anglais m’ont incitée à étudier la franc-maçonnerie, née à l’époque des Lumières, de Locke et de Newton. En 1984, il fallait pour cela relever un triple défi : d’une part il s’agissait d’un domaine  largement inexploré par la communauté universitaire et qui semblait donc un peu ésotérique et suspect, d’autre part les archives maçonniques n’étaient pas aussi disponibles qu’elles le sont aujourd’hui, les Grandes Loges anglo-saxonnes faisant à l’époque preuve d’une certaine réserve à l’égard des recherches ayant un caractère public, enfin le chercheur en question était une femme…une bizarrerie pour la plupart des spécialistes britanniques et américains de la franc-maçonnerie … alors qu’aujourd’hui les bibliothèques maçonniques m’ouvrent largement leurs portes et que  les conservateurs font preuve de la plus grande bienveillance à mon égard, comme à l’égard de tous les chercheurs, pourvu que leur travail soit réellement scientifique.

Une bourse Fulbright de la Commission franco-américaine m’a permis d’effectuer des recherches dans les bibliothèques  de Boston et de Washington DC, sans oublier celle de Cedar Rapids, Iowa. Située au cœur du pays du maïs, elle aida sans nul doute son fondateur à tromper l’ennui et rassemble l’une des plus vastes collection d’archives maçonniques . Je pus ainsi rédiger ma thèse d’Etat, « La franc-maçonnerie en Grande –Bretagne et aux Etats-Unis au XVIIIè siècle : 1717-1813 », soutenue à l’Université de Bordeaux III en 1987, sous la direction de Régis Ritz.  Je publiai une version abrégée de cette thèse aux Editions EDIMAF en 1990. Depuis, j’ai publié de nombreux articles consacrés à la franc-maçonnerie, un ouvrage sur les «  Anciens et les Modernes » (, c'est-à-dire  les deux Grandes Loges rivales d’Angleterre, et un livre sur la franc-maçonnerie noire aux Etats-Unis, « Noirs et francs-maçons » (2003). J’ai écrit cet ouvrage grâce à l’obtention d’une seconde bourse de recherche Fulbright qui m’a permis de travailler sur les archives des Grandes Loges noires de Prince Hall à New York et Washington DC. J’ai été nommé professeur des universités en 1990.

J’ai  mené de front recherche et enseignement, comme la plupart des universitaires français. En bonne dix-huitiémiste, je me suis toujours un peu considérée comme citoyenne du monde, et à défaut de pouvoir le sillonner autant que je désirais, j’ai trouvé beaucoup de vertus à la mobilité universitaire…j’ai donc successivement occupé des postes à l’Université de Grenoble (Stendhal-Grenoble III), de Provence (Aix-Marseille I), des Antilles et de la Guyane (en Martinique) avant de rejoindre mon Université-mère, si je puis dire, l’Université de Bordeaux III. Chaque poste m’a apporté un grand nombre de satisfactions et seul l’impérieux besoin de découvrir de nouveaux  horizons a motivé chaque  départ.  A Grenoble, j’ai occupé un poste dit « double-timbre », à l’époque des premiers IUFM, c'est-à-dire que j’enseignais à l’Université tout en exerçant les fonctions de directrice adjointe de cet IUFM pionnier, ouvert à la collaboration avec les universitaires. Ce fut une expérience enrichissante, qui me permit de lancer un certain nombre de programmes de coopération internationale et de côtoyer des milieux  sociaux variés,  des cultures professionnelles  diverses, enseignants du secondaire, anciens directeurs d’écoles normales, corps d’inspection. J’y ai acquis, je pense, quelques qualités de diplomate, à une époque, bien sûr révolue, où pédagogues fondamentalistes et universitaires récalcitrants s’affrontaient allègrement.

 Aujourd’hui je fais partie du CIBEL de Bordeaux, le Centre Interdisciplinaire Bordelais d’Etudes des Lumières, dirigé par Jean Mondot. Mes recherches actuelles, outre la franc-maçonnerie, sont consacrées aux  Lumières et  à l’historiographie des Lumières,  ainsi qu’à l’histoire de la Caraïbe anglophone,  de l’époque des sociétés de plantation à l’abolition de l’esclavage.  J’anime des séminaires de master, dirige des thèses sur le dix-huitième siècle britannique et sur la Caraïbe anglophone des XVIII  et XIXe siècles.

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Prof. Cécile Révauger

English studies

Michel de Montaigne Bordeaux III University

 

I was born in Bordeaux and was a student at Bordeaux University. I passed the “agregation”  in 1977. I first taught in secondary schools, before registering a thesis on the oriental tale in 18th century . After defending this thesis I started my academic career at Grenoble University. I switched from the oriental tale to Masonic studies as I developed a particular  interest in the 18th century and considered that Masonic lodges could only emerge in the wake of the Enlightenment. At the time studying masonry was a real challenge, first because the academic community was a bit suspicious of the validity of masonry as a scientific field to be explored as it was such an unusual subject, second because Masonic libraries themselves were suspicious and not used to giving public access to their sources, and last but not least because I was a woman, a rarity on Masonic premises  and therefore a strange scholar…Today things have totally changed of course and the curators and staff  of the main Masonic libraries in Britain and the States are extremely helpful. A Fulbright award allowed me to spend a lot of time working on Masonic archives in Boston, Washington DC and Cedar rapids, Iowa: in corn country providing such a huge  collection is  no small feat! The library of the Grand Lodge of Iowa is one of the largest Masonic libraries in the world. I defended my PHd dissertation in 1987, entitled: “ 18th century Freemasonry in and the ”. An abridged version was published  in 1990. I have produced several articles on Freemasonry since. I was appointed “professeur des Universités” in 1990. I obtained a second Fulbright Award in 1999 , which allowed me to work in New York and Washington DC libraries and write a book on black freemasonry in , Noirs et francs-maçons, published in 2003.

As a true 18th century  specialist, I have always considered myself as a “citizen of the world” and although I could not explore the world as much as I wanted to, I did my best and seized all the opportunities to apply for various positions.  This does not mean that I was unhappy with my work but simply wanted to discover a little more each time... This explains why I successively occupied academic positions at Grenoble Unversity, Université de Provence, Université des Antilles et de la Guyane (Martinique) before  coming back to Bordeaux, my home town and university. As most French scholars I have always combined teaching and research activities.

I am now a member of CIBEL (Centre Interdisciplinaire Bordelais d’Etudes des Lumières), the research centre chaired by Jean Mondot at Bordeaux University.  I  teach seminars at master level and I am currently supervising theses on 18th century and in Caribbean studies.

My current research is devoted to freemasonry, the Enlightenment and the historiography of the Enlightenment as well as Caribbean eighteenth and nineteenth century studies.

29 décembre 2005 4 29 /12 /décembre /2005 18:01

Cécile Révauger

 

 

Peut on parler de laïcité dans les pays anglosaxons?

 

Le terme « laïcité » ne peut se traduire en  en anglais. Secularism est un concept voisin mais non identique , qui distingue tout au plus ce qui est « laïc »de ce qui est « clérical ». La laïcité en tant que telle  correspond à une page d’histoire bien française , à la lutte contre le dogmatisme et la main mise de l’Eglise catholique sur la vie publique, ce qui implique l’affirmation de la séparation de l’Eglise et de l’Etat et le refus de toute interférence entre les deux champs.

 

Un rappel du contexte historique permettra tout d’abord de montrer la spécificité des pays anglo-saxons. Nous ne pouvons juger les rapports entre églises et Etat avec les mêmes critères, en raison des différences culturelles. En effet la pluralité religieuse et l’implication des églises dans les combats sociaux sont des caractéristiques très nettes du monde anglo-saxon . Chaque religion, conçue comme étroitement liée à une communauté ethnique, est respectée en tant que telle.

Pour autant, la pluralité religieuse, le multiculturalisme, qui semblent être porteurs de l’idée de tolérance sont-ils  garants d’une totale liberté de conscience, et par là-même de laïcité, au sens où on l’entend en France, dans le contexte de la République une et indivisible ?

Un examen, même rapide, du contexte historique et des évolutions récentes en Angleterre et aux Etats Unis devrait nous permettre d’amorcer une réponse à cette question.

 

 Historique : Religion et liberté de conscience n’ont pas été perçues comme antinomiques en Angleterre et aux Etats-Unis depuis le siècle des Lumières.

 

Pluralité des religions.

En Angleterre, comme aux Etats-Unis, depuis le début du Siècle des Lumières il n’y a pas eu  de mainmise d’une seule religion, et donc pas de dogmatisme religieux. Cette pluralité  a entraîné une assez grande  tolérance religieuse.

Voltaire admirait l’Angleterre, parce qu’il n’y avait pas une mais des dizaines de religions, donc ne présentant aucun danger:

« Sil n’y avait en Angleterre qu’une Religion, le despotisme serait à craindre, s’il y en avait deux, elles se couperaient la gorge, mais il y en a trente, et elles vivent en paix, heureuses. »[1]

 

Plus de 1500 églises sont aujourd’hui recensées aux USA, sans compter tous les nouveaux cultes  et sectes qui apparaissent chaque année. On ne saurait donc parler de mainmise d’une seule religion sur la société.

 

En Grande-Bretagne, lorsque l’anglicanisme devient religion d’Etat, au tout début du XVIIIe siècle, suite à la Glorieuse Révolution, c’est par réaction contre les excès du catholicisme et contre l’absolutisme du roi Jacques II.  L’Eglise fut  « établie » dans un contexte de progrès parlementaire lors du passage d’une monarchie absolue à une monarchie éclairée, et peu à peu à une monarchie parlementaire. En même temps que l’Eglise anglicane devint « établie », les dissidents de sensibilité protestante  obtinrent la liberté de culte (les Test and Corporation Acts leur octroyait cette liberté, à défaut de droits civiques).

 John Locke, philosophe et conseiller de Guillaume d’Orange, écrivit plusieurs  Lettres sur la Tolérance, en 1689 puis 1690 et 1692 qui firent autorité tout au long du XVIIIe siècle. Sous l’influence de Newton, qui présidait la Royal Society, les dogmes perdirent de leur vigueur au profit d’une  religion latitudinaire, tolérante, par opposition à la « High Church », l’aile la plus élitiste et la plus proche du catholicisme sur le plan théologique.

 

Les Américains sont eux aussi fondamentalement attachés au principe de tolérance religieuse : au XVIIe siècle les premiers immigrants vers les colonies américaines avaient fui le sectarisme religieux britannique, avant la Glorieuse Révolution. Ils se  référèrent au Toleration Act dès sa promulgation en Angleterre en 1789 afin d’éviter des dérives vers l’intolérance sur leur propre sol.  La liberté de culte demeura un droit fondamental pour tout colon américain.

Si la Déclaration d’indépendance, rédigée par Thomas Jefferson, mentionne Dieu dans son préambule, il s’agit du Dieu des déistes, d’une religion naturelle par opposition aux religions révélées. La Déclaration d’Indépendance fait clairement procéder l’autorité du gouvernement de la souveraineté populaire et non de la souveraineté divine. La même année, Jefferson fait voter une loi en Virginie pour l’institution de la liberté religieuse. Trois ans plus tard en Virginie, l’Etat récupère même les biens des églises établies. Même s’ils n’adoptent pas tous de semblables dispositions, la plupart des Etats spécifient dans leurs déclarations de droits, à la suite de la Déclaration d’Indépendance, le principe de liberté religieuse. Par bien des aspects les déclarations de Pennsylvanie et du Maryland de 1776, pour ne citer que ces deux exemples, nous rappellent l’article des Constitutions d’Anderson : tous les citoyens sont libres de croire au Dieu qu’ils veulent, pourvu qu’ils respectent l’autorité du pays et qu’ils ne se rebellent pas contre l’Etat.

La Constitution américaine, quant à elle, spécifie que l’accès à la sphère publique ne saurait dépendre des croyances d’un individu  et donc qu’aucun test religieux ne sera exigé du personnel de l’Etat fédéral (article VI, Constitution américaine, 1787). Il s’agit bien d’une constitution laïque, du moins dans l’esprit.

 

Implication de certaines Eglises dans les luttes sociales.
En Angleterre les « dissenters » (les protestants qui n’étaient pas dans le giron de l’Eglise d’Angleterre)  se sont investis dans l’industrie, à défaut de pouvoir jouer un rôle politique puisqu’ils n’avaient pas les mêmes droits civiques que les Anglicans. Ils se sont battus pour obtenir ces droits civiques tout au long du XVIIIe siècle. On a parfois surnommé ces « dissenters » les « jacobins britanniques » . En effet Richard Price, Thomas Paine  admiraient   la Révolution Française et les droits de l’homme. A la fin du siècle les méthodistes ont su parler à la classe ouvrière. Dans les pays anglo-saxons les Eglises n’ont pas été systématiquement associées au pouvoir en place, comme ce fut le cas en France en particulier. Aux Etats Unis plusieurs églises  ont appuyé le combat des Noirs pour les droits civiques.

 

 Les rapports Eglise/Etat sont marqués par le multiculturalisme aux XXe et XXIe siècles.

On trouve le même respect pour la diversité des cultes,  lié à la tradition multiculturelle du Royame-Uni et des Etats-Unis. Dans ces deux pays, l’accent est mis non pas sur les droits de l’homme (conception jacobine et égalitaire) mais sur les droits des communautés. Aux USA les différentes vagues d’immigration ont amené une cohorte de religions : la société américaine les a acceptées. D’où une  mosaïque de religions, dans  la logique communautariste.

Il n’y a pas de séparation entre l’Eglise et l’Etat en Angleterre. En revanche, il y a bien séparation entre l’Etat et les Eglises aux USA. Cependant les rapports diffèrent selon les Etats.

 

 

 

 Une liberté de conscience très limitée aux USA :tolérance à l’égard de toutes les religions, de toutes les sectes, mais intolérance totale envers toute remise en cause des dogmes religieux.

 

 

Alors que les Etats-Unis peuvent se vanter d’un passé relativement tolérant en matière religieuse, exception faite des Puritains de Salem, le clivage Nord Sud, la guerre de Sécession ont réveillé de vieux démons : la réaction ultra conservatrice des Sudistes a également trouvé une expression religieuse, la chasse aux esprits épris de rigueur scientifique, qui osent mettre en doute les dogmes religieux .

 Alors que Darwin n’a finalement pas effrayé les esprits en Grande-Bretagne, il en va bien différemment aux Etats-Unis. Le « procès du singe » pourrait ressembler à un vaste canular.

Depuis la publication de l’ouvrage de Darwin, les évangélistes du Sud des Etats-Unis se sont mobilisés, tels de nouveaux croisés partis défendre la seule vérité selon eux, le récit de la  Genèse. Dans quatre Etats du Sud, le Texas, l’Oklahoma, la Caroline du Nord et la Floride,  ils ont tenté d’étouffer tout débat sur l’évolutionnisme. C’est dans le Tennessee, cependant, en 1925, que la bataille de ces fondamentalistes atteignit le sommet du ridicule. Dans cet Etat une loi fut votée en 1925, la loi Butler, interdisant toute référence aux doctrine évolutionnistes à tous les niveaux d’enseignement, du primaire à l’université. Un propriétaire de mine et un chimiste locaux, avec le soutien de l’American Civil Liberties Union, encouragèrent un enseignant, Scope, à défier la loi et à poursuivre son enseignement scientifique en continuant à présenter à ses élèves les doctrines évolutionnistes. Scope accepta et  fut immédiatement inculpé, l’Amérique entière se passionna pour ce que l’on appela le « procès du singe ». Le procès fut médiatisé à l’extrême. Créationnistes et évolutionnistes s’entredéchirèrent symboliquement. Scope fut condamné, mais la Cour Suprême de l’Etat du Tennessee donna tort à la Cour de Dayton et inversa son jugement. Les scientifiques remportèrent donc la première manche mais la  bataille était loin d’être terminée. Dans les faits l’évolutionnisme resta banni de l’enseignement aux Etats Unis jusque dans les années 60. Dans les années 80 les créationnistes reprirent force et vigueur et font entendre leur voix de nos jours encore, n’hésitant pas à passer parfois aux actes. Ainsi  les créationnistes, actifs dans les groupes « pro-life »  n’ont pas hésité à organiser des commandos anti-avortement ou même à assassiner des médecins pratiquant l’avortement.

 

Revendication du droit à l’athéisme : les athées sont stigmatisés dans la société américaine . Peu importe sa religion, le tout est d’en avoir une,  l’ athéisme reste  très mal vu. L’élection de Bush n’a fait que confirmer cette tendance. Il a fait précéder sa toute première déclaration de président par une prière. Partisan de la peine de mort, Bush s’est très nettement prononcé contre l’avortement, pour des raisons purement religieuses.

Récemment les athées se sont regroupés et « baptisés »’ (!) les Brights aux USA : ils affirment ainsi  une identité collective, se comparent aux « gays », toujours dans une perspective communautariste et non d’égalité à la française. Ils estiment qu’ils sont victimes de discrimination, qu’ils ne peuvent faire une carrière politique par exemple. Ils ont créé un réseau  internet dans le but de s’entraider et de lutter contre la discrimination dont ils s’estiment, à juste titre, victimes.

.

 

 

Conclusion :

Les traditions historiques et culturelles sont totalement différentes en France et dans le monde anglosaxon. D’où l’impossibilité d’utiliser une seule et même grille de lecture.

Le problème de la laïcité est très lié à la problématique de la société égalitaire ou multiculturelle. La conception française  est  jacobine, centralisatrice et égalisatrice, intégratrice.

En matière de droits, la conception anglaise et américaine est communautariste, multiculturelle. Les droits des communautés sont privilégiés, les individus étant perçus comme membres de telle ou telle communauté et n’étant pas forcément tous soumis aux mêmes lois.

La séparation de l’Eglise/ des Eglises et de l’Etat/des Etats, ou bien l’existence d’une Eglise établie, ne sont pas forcément des critères déterminants. Dans les faits, le Royaume Uni s’est toujours montré beaucoup plus tolérant à l’égard des athées que les Etats-Unis. Certes un député est encore aujourd’hui obligé d’accepter  la prière qui est de mise lors de l’ouverture du Parlement britannique, mais de façon assez symbolique. Aux USA, en revanche, la liberté de conscience est aujourd’hui encore sérieusement compromise. Toute secte, la plus folle soit elle, est tolérée, alors que les athées sont  stigmatisés.

La pluralité religieuse, qui implique la tolérance des religions entre elles, la juxtaposition des communautés,  ne signifie donc pas pour autant une totale liberté de conscience pour tous les citoyens.

Sans être trop chauvin, il semble raisonnable d’affirmer que seule une laïcité à la française, qui garantit la parfaite étanchéité entre vie privée et vie publique,  est en mesure d’assurer pleinement la liberté de conscience à tous les citoyens.

 

 

 

 

 



[1] Voltaire, Lettre VI, in Lettres Philosophiques/ Letters concerning the English Nation », 1733, cité par Charles Porset, in Voltaire Humaniste (Paris : EDIMAF, 2003), p.38-39.

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